Développement économique de Tripoli : Du Parc International des Expositions à la Zone Économique Spéciale
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Tripoli est la seconde ville la plus peuplée du Liban après Beyrouth. Depuis des années, les gouvernements successifs ont élaboré de nombreux plans, en vue de développer économiquement cette ville du nord. Cette volonté s’est accentuée depuis que des citoyens originaires de Tripoli (Rachid Karamé, Omar Karamé, Najib Mikati) ont été nommés au poste de premier ministre.
Le « Parc International des Expositions du Liban » à Tripoli (معرض لبنان الدولي), rebaptisé en 1991, « Rashid Karami International Fair » (معرض الرئيس الشهيد رشيد كرامي الدولي في طرابلس), fait partie de ces projets. Depuis son lancement en 1960, seul un petit ensemble de ce complexe a été achevé. Le gouvernement a proposé il y a quelques années, l’établissement d’une zone économique spéciale à Tripoli englobant le Rashid Karami International Fair, dans l’espoir cette fois, de lui donner l’impulsion économique attendue. Reste à voir, si ce projet se concrétisera, ou si Tripoli va de nouveau pâtir d’un projet économique peu efficace.
Le Parc International des Expositions
Au départ, Le Parc International des Expositions « devait permettre de faire découvrir les ressources et produits du Liban, d’autres pays arabes et de présenter aux commerçants et industriels les évolutions des différents domaines de production, tout en reflétant l’image réelle de l’économie libanaise dans les secteurs commerciaux, industriels, agricoles et des services. » Il devait également « valoriser les caractéristiques du Liban et la mise en relation directe entre Libanais, producteurs arabes et étrangers, importateurs et exportateurs. »
Pourtant, seuls quelques structures et un hôtel du complexe ont été terminés et mis en service, alors que les façades et les principaux bâtiments ont été délaissés. La guerre, qui éclata plus tard au Liban, n’a pas facilité son devenir. Il est progressivement tombé dans l’oubli pour ensuite se résumer à une petite entité gravitant autour d’un hôtel, loin de son objectif principal : « Dynamiser l’activité économique de Tripoli ».
La Zone Économique Spéciale de Tripoli
Approbation de la loi
Le gouvernement a approuvé en juin 2005, le projet de loi sur la création d’une zone économique spéciale à Tripoli, adopté par la suite le 5 septembre 2008, en vertu de la loi n° 18.
Objectifs et exonérations
Le but de cette zone économique spéciale serait d’encourager et faciliter des projets d’investissement commerciaux, industriels, de services, stockage, à l’exclusion du secteur touristique. Ces transactions seraient exonérées de droits de douane, y compris des taux de taxation sur les biens, les taxes sur les biens à la consommation, la taxe sur la valeur ajoutée, les droits sur les revenus engendrés par l’importation et l’exportation de marchandises, l’impôt sur les sociétés des entreprises pour les bénéfices générés dans la zone économique, à condition que leur capital soit d’au moins 300 000 dollars (USD) et que leurs mains-d’œuvre salariées soit composée d’au moins 50 % de Libanais.
Voir aussi : Raya El-Hassan nommée présidente de la direction de la Zone Économique Spéciale de Tripoli.
Les salaires et traitements des employés seraient également exonérés d’impôt sur le revenu et les bâtiments exemptés de frais de licences, de taxes foncières sur le bâti et d’impôts fonciers.
Gestion de la Zone Économique de Tripoli
La gestion est confiée à l’Assemblée Générale de la Zone économique de Tripoli, une entité spéciale opérant sous l’autorité du Premier ministre, ayant un caractère juridique et jouissant d’une autonomie financière et administrative. Elle n’est ni soumise aux dispositions régissant le fonctionnement des institutions publiques, ni à la surveillance de l’Inspection centrale et du conseil de la fonction publique et reste uniquement exposée au contrôle a posteriori, de la cour des comptes.
Le conseil d’administration de cette assemblée est composé d’un président et de six membres du secteur public et privé, tous nommés par décret pour un mandat renouvelable de cinq ans.
Voir aussi : Article de Charbel Nahas sur les projets de zones économiques spéciales au Liban.
L’Assemblée devra développer la zone économique, en attirant des investissements arabes et étrangers en encourageant les transactions commerciales internationales par :
- La conception de plans et programmes relatifs aux projets et la rédaction des règlements administratifs ;
- L’attribution à des personnes de lois ou de la société civile, arabes ou étrangères, le pouvoir d’investir et d’opérer dans la zone pour une durée n’excédant pas les trente ans ;
- La mise en place des conditions d’octroi de permis pour les projets d’investissement et approbation des licences ;
- Le suivi continu des autorisations et des équipements dans la zone ;
- La mise en avant d’un plan directeur pour les bâtiments et les infrastructures de la zone économique après l’approbation du conseil supérieur de l’urbanisme.
Revenus
La Zone Économique de Tripoli générera ses revenus de la manière suivante :
- Crédits prévus dans le budget public ; Fonds produits par les activités dans son périmètre ;
- Fonds générés par la gestion et l’investissement dans la zone ;
- Dons et revenus divers.
Structure et effectifs
Le personnel est réparti entre quatre directions dont quinze départements :
Direction des Affaires Administratives
- Département des Affaires Administratives et Département Juridique
- Département des Ressources Humaines
- Département IT
- Département de la Communication
Direction des études, de la planification et des affaires techniques
- Département des études, du suivi et de la planification stratégique
- Département des infrastructures
- Département des licences
Direction des affaires environnementales et de qualité
- Département des Affaires Sanitaires
- Département des Affaires Environnementales
- Département de Qualité
Emploiera 80 fonctionnaires selon les quotas suivants :
- Échelon 1 : 4 postes
- Échelon 2 : 15
- Échelon 3 : 30
- Échelon 4 : 10
- Échelon 5 : 7
- Échelon 6 : 7
- Échelon 7 : 7
Bien que la loi qui stipule la création de la zone économique et ses décrets d’application aient été publiés, elle est « encore inexistante ». Mais une question demeure : Connaîtra-t-elle la même finalité que le le Parc International des Expositions, perdurer dans des promesses de développement économique non viables.
Sources : Adaptation en français, de l’article paru en langue arabe dans The Monthly (n°147), publié par Information International SAL